06.02.2009 - 17.05.2009

Les œuvres présentées dans le cadre de l'exposition, toutes issues des collections des banques italiennes, documentent l'une des époques les plus fertiles et les plus stimulantes de la peinture italienne : la période allant de la fin du XVIe à la première moitié du XVIIIe siècle. Le visiteur découvrira des chefs-d'œuvre des principaux peintres de cette période, e. a. de Francesco Albani, de Ludovico Carraci, de Bernardo Cavallino, de Bartolomeo Cavarozzi, de Luca Giordano, de Carlo Maratta, de Guido Reni et d'Alessandro Tiarini.

En effet, c'est dans la dernière décennie du XVIe siècle que commence le grand renouveau naturaliste de la peinture italienne qui conduira aux conquêtes grandioses du baroque. En même temps, le processus de sécularisation de l'art s'intensifie et les sujets sacrés se parent de toute la grâce séduisante des œuvres profanes, dans une joyeuse interchangeabilité qui est souvent suggérée par les esthètes et les grands collectionneurs eux-mêmes.

Car le XVIIe siècle est aussi marqué par le développement du collectionnisme : dans les palais des princes comme dans ceux de la petite noblesse apparaissent les quadrerie, ces galeries de tableaux typiques avec leurs toiles disposées sur plusieurs rangées et couvrant entièrement les murs. Beaucoup de tableaux exposés proviennent ainsi de collections aristocratiques très connues, telles les collections Barberini, Pallavicini et Altieri. Mais au fil du temps, les vicissitudes économiques ont entraîné un lent éclatement de ces collections. Aujourd'hui, la volonté affirmée des banques italiennes de créer et d'amplifier des collections d'art, souvent projetées selon des critères scientifiques homogènes et efficaces, apparaît ainsi comme un instrument de protection et de valorisation épaulant ceux mis en places par les institutions publiques.

C'est au cours du XVIIe siècle que se constituent les célèbres catégories des genres figuratifs, qui s'inspirent de la réalité pour créer des nouvelles typologies thématiques précises - comme le paysage, la vue, la nature morte et la scène de genre -, et qui seront destinées à rencontrer un succès croissant dans un milieu figuratif de plus en plus international.

La sélection effectuée en vue de l'exposition a toutefois voulu privilégier la peinture d'histoire centrée sur la figure humaine, que les nombreux textes de l'époque sur le collectionnisme considéraient d'ailleurs comme la plus noble des expressions artistiques. Les œuvres exposées documentent les deux principaux courants du naturalisme émilien et du réalisme caravagesque, mais aussi leur rencontre et leur dépassement en différents langages plus articulés, qui caractériseront au fil du temps les milieux artistiques italiens.

Mais l'exposition ne permet pas seulement de confronter des sujets différents, elle se prête aussi à une série de lectures croisées extrêmement stimulantes. Il sera en effet possible de découvrir des affinités et des différences thématiques, mais aussi stylistiques, entre des peintres presque contemporains, entre des écoles et des courants d'origines différentes, mais aussi, à l'intérieur de la production d'un même artiste, d'évaluer combien son style peut mûrir ou se répéter en fonction de l'œuvre qu'il réalise.

Un art grandiose donc, dont l'exposition veut documenter les différents aspects en confrontant des sujets sacrés et profanes, à l'instar des collectionneurs du passé qui voyaient dans cette variété le parfait équilibre de la culture de leur temps, à mi-chemin entre la sagesse antique et les pratiques dévotionnelles.